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REMARQUES

SUR LE SIXIÈME LIVRE.

PREMIÈRE REMARQUE.

Page 143. La France est une contrée sauvage.

La France d'autrefois, ou le pays des Francs, n'étoit point la France d'aujourd'hui : ce que nous nommons France à présent est proprement la Gaule des anciens. J'ai cité pour autorité, dans la préface, la Carte de Peutinger, et saint Jérôme dans la Vie de saint Hilarion. La Table-carte de Peutinger est une espèce de livre de poste des anciens, composé vraisemblablement dans le ve siècle. Retrouvé par un ami de Peutinger, jurisconsulte d'Augsbourg, il fut publié à Venise, en 1591. Ce sont de longues bandes de papier sur lesquelles on a tracé les chemins de l'empire romain, avec les noms des pays, des villes, des mansions ou relais de poste; le tout sans division, sans méridien, sans longitude et sans latitude. Le mot Francia se trouve écrit de l'autre côté du Rhin, à l'endroit que je désigne.

Voici les paroles de saint Jérôme : «Entre les Saxons et «<les Germains, on trouve une nation peu nombreuse, mais << très brave. Les historiens appellent le pays qu'habite cette «nation Germanie; mais on lui donne aujourd'hui le nom «de France.» ( In Vit. S. Hilar.)

«La nation des Celtes, dit Libanius, habite au-dessus du «Rhin, le long de l'Océan. Ces Barbares se nomment «Francs, parce qu'ils supportent bien les fatigues de la "guerre.» (In Basil.)

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Page 143. Les peuples qui habitent ce désert sont les plus féroces des Barbares.

«Les Francs, dit Nazaire, surpassent tous les peuples «barbares en férocité. » Selon l'auteur anonyme d'un panégyrique prononcé devant Constantin, «il n'étoit pas aisé «de vaincre les Francs, peuple qui se nourrissoit de la chair « des bêtes féroces. >>

me.

Page 143. Ils regardent la paix comme la servitude la plus dure dont on puisse leur imposer le joug.

« La paix est pour les Francs une horrible calamité. » (LIBAN., Orat. ad Constantin.)

Ive.

Page 143. Les vents, la neige, les frimas, font leurs délices; ils bravent la mer, etc.

«Les Francs sont, au milieu de la mer et des tempêtes, << aussi tranquilles que s'ils étoient sur la terre : ils préfè«rent les glaces du Nord à la douceur des plus agréables <«< climats.» (LIBAN., loc. cit.) Cette phrase qu'on lit dans le texte: On diroit qu'ils ont vu le fond de l'Océan à découvert, etc., est appuyée sur un passage de Sidoine Apollinaire. (Lib. VIII, Epist. ad Namm.)

ve

Page 144. Ce fut sous le règne de Gordien-le-Pieux qu'elle se montra pour la première fois.

Depuis l'an 241 jusqu'à l'an 247. Voyez FLAV. Vopisc., cap. VII.

vie.

Page 144. Les deux Décius périrent dans une expédition contre elle.

Voyez la préface, et Chron. Paschal.

VII®.

Page 144. Probus... en prit le titre glorieux de Francique.

Vid. FLAV. VOPISC., in Vit. Prob.

VIIIe.

Page 144. Elle a paru à la fois si noble et si redoutable, etc.

Fait très curieux, rapporté dans un ouvrage de l'empereur Constantin Porphyrogénète. Il dit que Constantin-leGrand fut l'auteur de la loi qui permettoit aux empereurs romains de s'allier au sang des Francs. (De Admin. imp.)

S

Ixe.

Page 144. Enfin ces terribles Francs venoient de 'emparer de l'île de Batavie.

Fait historique. Voyez Panég. prononcé devant Max. Herc. et Const. Chl., chap. IV.

xe.

Page 144. Nous entrâmes sur le sol marécageux des Bataves.

«Terra non est... Aquis subjacentibus innatat et suspensa alate vacillat.» (EUM., Paneg. Const. Cæs.)

74

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Page 144. Les trompettes... venoient à sonner l'air de Diane.

La Diane est restée à nos armées. On sonnoit de la trompe à tous les changements de garde, le jour et la nuit.

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Page 145. Le centurion qui se promenoit... en balançant son cep de vigne.

La marque du grade de centurion étoit un bâton de sarment de vigne qui lui servoit à ranger ou à frapper les soldats. Le centurion commanda d'abord cent hommes, quand la légion étoit de trois mille hommes; il n'eut plus sous ses ordres que cinquante hommes, quand la légion fut portée à quatre mille hommes : il y avoit deux compagnies chacune de soixante hommes dans chaque manipule. Le premier centurion de l'armée siégeoit au conseil de guerre, et ne recevoit d'ordre que du général ou des tribuns.

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Page 145. La sentinelle... tenoit un doigt levé dans l'attitude du silence.

Montfaucon, dans les Antiquités romaines, explique ainsi la pose de quelques soldats.

XIV.

Page 145. Le victimaire qui puisoit l'eau du sacrifice.

Le victimaire préparoit les couteaux, l'eau, les gâteaux du sacrifice; il étoit à demi nu, et portoit une couronne de laurier. Il y avoit, dans chaque camp romain, un autel auprès du tribunal de gazon où siégeoit le général. Les tentes

étoient de peau : de là l'expression sub pellibus habitare. Elles étoient disposées parallèlement, formant des rues régulières, et se croisant à angle droit. Les camps romains étoient de forme carrée; les Grecs, et surtout les Lacédémoniens, faisoient les leurs de forme ronde.

xve.

Page 146... redisoient autrefois les vers d'Euripide.

Après la défaite et la mort de Nicias, devant Syracuse, plusieurs Athéniens, devenus esclaves, obtinrent la liberté pour prix des vers d'Euripide, qu'ils répétoient à leurs maîtres : la réputation de ce grand tragique commençoit à percer en Sicile.

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Page 147. La légion de Fer, et la Foudroyante.

La légion romaine fut successivement de trois, quatre, cinq et six mille hommes, y compris les différentes espèces de soldats armés, comme je le marque ici : les Hastati, les Princes et les Triarii; les Vexillaires n'étoient que les porteétendards. L'ordre de ces soldats dans la ligne ne fut pas toujours le même: la légion se divisoit en deux cohortes, chaque cohorte en trois manipules, et chaque manipule en deux centuries. Outre le numéro de son rang, la légion portoit encore un nom tiré de ses divinités, de son pays ou de ses exploits. (POLYB., lib. VI; VEG., lib. II.)

XVIIe.

Page 147. Les signes militaires des cohortes... étoient parfumés.

Les aigles distinguoient la légion; les signes particuliers marquoient les cohortes; on les ornoit de verdure le jour du combat, et quelquefois on les parfumoit : c'est ce qui a fourni à Pline une belle déclamation: «Aquila certe ac «signa, pulverulenta illa, et custodibus horrida, inungun

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