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DISCOURS PRONONCE A QUEBEC LE 10 SEPTEMBRE 1924, A L'OCCASION DE LA RENTREE DES TRIBUNAUX, PAR M. LE BATONNIER L. A. CANNON, C. R.

Votre Honneur, M. le Juge en Chef,

M.M. les Juges, Mes Chers Confrères.

Si j'ai eu souvent l'occasion pendant mon récent voyage en Europe d'être fier de l'honneur qui m'a été confréré lorsque je suis devenu Bâtonnier du Barreau de Québec, laissez-moi vous dire, messieurs, que je me félicite davantage de mon retour au pays en temps utile pour présenter, suivant la tradition, aux membres distingués de la magistrature nos bons souhaits à l'ouverture de l'année judiciaire, et à mes confrères, jeunes et vieux, les observations d'usage.

Il me fait grand plaisir de remercier d'abord Son Honneur le Lieutenant-Gouverneur de la Province d'avoir bien voulu réhausser de sa présence la solennité de cette séance d'ouverture. Comme practicien, comme législateur, Son Honneur Le Lieutenant Gouverneur a toujours été en contact intime avec notre monde légal et judiciaire; il a attaché son nom à des dispositions importantes de nos status et il a aussi réussi à faire admettre des modifications profondes à notre Code Civil, modifications généralement accueillies avec faveur parce qu'elles répondaient bien aux changements survenus dans nos moeurs et coutumes.

Merci, Monsieur le Gouverneur, d'avoir bien voulu, en acceptant notre invitation, faire revivre une coutume qui tendait à disparaitre.

Monsieur le Juge en Chef, nous avons pu mesurer le prestige dont vous jouissez auprès de l'Association du Barreau Canadien, par les regrets unanimes de ses membres quand les circonstances vous ont empêché de réaliser l'espoir qu'ils avaient caressé de vous avoir avec eux pendant leur visite en Europe.

Sir James Aikins et l'Honorable Juge en Chef supuléant Martin, en particulier, m'ont souvent répété combien votre discours de bienvenue lors de leur passage à Québec, les avait touchés, et combien ils auraient aimé entendre votre parole émouvante répondre dignement à l'accueil reçu à Londres et à Paris par les avocats des Etats-Unis et du Canada. Ces réceptions fastueuses, grandioses à Londres, Edinburg, Dublin ont vive ment impressionné les légistes du Nouveau-Monde et leur ont permis de renouer avec les grandes institutions légales d'Angleterre, les relations rompues depuis la déclaration d'Indépendance.

Je renonce à exprimer dignement les émotions ressenties lors des fétes données avec la générosité splendide qui caractérise la large hospitalité anglaise, à Westminster Hall par le Grand Chancellier Lord Haldane et ses prédécesseurs en office Lord Finlay, Lord Cave, Lord Buckmaster et Lord Birkenhead. Les différents Inns of Court, qui sont comme les quatre branches d'une grande école de droit où se recrutent depuis six cents ans les avocats anglais, nous ont reçus avec la plus grande cor

dialité; nous avons pu admirer l'imposante beauté des trésors historiques, des manuscrits précieux depuis des siècles.

Nous avons constaté combien la Magistrature et le Barreau anglais, malgré l'invasion dans d'autres domaines du socialisme et du laisseraller qui l'accompagne, ont su conserver intacts la dignité, le decorum. l'apparat extérieur qui donnent à l'exercise de l'autorité plus de solennité et lui assurent le respect de la multitude; les officiers de justice, faisant partie du gouvernement ouvrier actuellement au pouvoir, sont dignes en tous points de remplir les fonctions et de continuer les hautes tradition de leure illustres devanciers!

Nous avons pu admirer l'efficacité, la promptitude de l'administration de la justice; le concours spontané que les avocats et les juges se donnent pour assurer la dignité et l'indépendance du Bancet du Barreau; la patience, la politesse des juges; la déférence des avocats, la sincerité, l'intégrité et l'exactitude concise de leurs exposés et, aussi, le respect profond des jeunes avocats pour leurs ainés dans la carrière.

L'accueil de l'Ordre des avocats de Paris, nous a laissé à tous des souvenirs ineffaçables. La plus belle journée de mon humble carrière professionnelle est certainement celle ou, en ma qualité de Bâtonnier de cette section, j'ai eu l'honneur d'être appelé à répondre, au nom du Barreau Canadien, au discours de bienvenue de M. le Bàtonnier M. Manuel Fourcade.

Dans ce Palais de Justice, baptisé il y a trois siècles par le Président de Thou "Le Capitole de la France," dans cette historique Grand'Salle des Pas Perdus, j'ai eu l'insigne plaisir d'exprimer, de mon mieux, les sentiments du Barreau Canadien, du Barreau de Québec en particulier, pour nos confrères de France. J'ai proclamé hautement notre sympathie pour la France immortelle, avant, pendant et depuis la guerre. Je crois, messieurs, que les paroles évidemment sincères de votre interprète ont réellement touché le coeur de nos cousins de France qui m'ont exprimé spontanément leur reconnaissance par l'entremise de M. M. les Bâtonniers Poincarré, Robert, Cartier, Albert Salle et Chenu. Tous et particulièrement E. Mancel, qui fut naguère notre hôte, m'ont chargé de vous dire les sentiments d'amitié et de confraternité qu'animent les avocats de Paris envers leurs confrères du Canada français; en cette rencontre, nous avions moins le sentiment de nous retrouver que celui de ne nous être jamais quittes, suivant l'expression de M. le Bâtonnier Fourcade. A Paris et à Londres, comme à Québec, nous avons pu nous convaincre et proclamer, avec l'approbation de toutes les têtes dirigeantes de la délégation canadienne que l'Association du Barreau Canadien, composée de practiciens de toutes les Provinces du Dominion, reconnait, par les termes mêmes de sa constitution, que la loi civile française, base du système juridique de la Province Mère, de Québec, doit être respectée et mise à l'abri de toute tentation d'uniformisation des lois du Canada; c'est là le garant de la bonne entente qui a assuré à cette Association du Barreau le concours et la présence de membres éminents de la Magis trature et du Barreau de notre Province.

Après avoir félicité nos confrères de Paris de leur conduite héroique durant la Grande Guerre, j'ai cru devoir me joindre, en votre nom, mes

chers confrères, aux officiers de l'Association du Barreau Canadien, pour déposer une couronne de fleurs sur la tombe du Soldat Inconnu mort pour la France, cette tombe d'où jaillit-symbole touchant qui rappelle la devise de notre chère Province de Québec-la flamme du Souvenir.

Suivant la coutume, je dois m'acquitter, M. le Gouverneur, M.M. les Juges, de l'agréable devoir de vous présenter les jeunes confrères qui vont se joindre à nous cette année pour aider à l'administration de la justice dans le district de Québec. Ce sont M.M. Maurice Bernier, Charles-Edouard Cantin, Gaston Renouf, Jean Garneau, J. A. Lord, Emile Morin, Louis Joseph Paquin, Louis Philippe Picard, Albert W. Stuart, Antonio Talbot.

Tous sont disposés, avec le zèle de néophytes à bien faire et à se créer une belle situation dans notre monde judiciaire.

Mes jeunes confrères, l'Ordre met en vous toutes ses complaisances, car vous êtes les ouvriers de son avenir. C'est notre avenir que nous aimons en vous, cette cérémonie est la fête de notre vie incessamment renouvellée.

Il importe donc de vous pénétrer des principes et des traditions qui ont, dans tous les pays, fait la force de la profession, assuré son prestige et l'ont rendue indispensable à la vie de tout peuple civilisé.

La vie judiciaire repose partout sur les principes éternels de la bonne justice: d'un côté des magistrats, de l'autre des avocats, aussi indépendants les uns vis-à-vis des autres qu'à l'égard du pouvoir.

Il nous faut respecter profondément nos juges, ces anciens confrères à qui est échue le redoutable mission de juger leurs semblables. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour les aider et même, à l'occasion, insister pour leur faire mieux connaitre les faits de la cause ou la loi et la jurisprudence applicables à l'espèce!

La probité, la délicatesse, l'indépendance, le respect des autres et de soi-même, voilà la base de la doctrine de l'Ordre-. Le temps n'y change rien et je ne peux que vous répéter ce que toujours les Bâtonniers, gardiens de notre prestige, de notre honneur et de notre dignité ont enseigné.

Les premières années seront dures mes jeunes confrères; elle sont des années de patience et de labeur où vous semerez les germes de votre carrière. Dans cette période critique, ne laissez pas le doute ou la lassitude abattre votre courage; persévérance, volonté, esprit de suite, voilà les gages du succès.

Ayez l'ambition de bien faire, plutôt que l'ambition d'atteindre les honneurs professionels. La plupart de nos confrères en sont dignes, mais tous ne peuvent pas y atteindre. Le dévouement caché porte en soi sa récompense, et, comme l'a dit d'Aguesseau, c'est une noble profession que celle où on peut vieillir avec honneur au second rang." Un grand avocat n'est pas nécessairement un grand homme; un avocat obscur peut être un grand homme de bien.

La modération en toutes choses doit être une des régles de la vie de l'avocat. Pas de violence dans les plaidoieries: elles indisposent le juge et aussi la galerie à vos dépens et à ceux de votre client.

Concilier, conseiller, consoler sont du devoir et de l'art de l'avocat non moins que plaider.

Quelle satisfaction pour deux avocats lorsqu'ils peuvent concilier les parties! Il y a plus de joie au Palais pour une transaction équitable que pour maintes enquêtes et plaidoieries plus ou moins émouvantes!

Ayez le sourire et surtout sachez le conserver même au milieu du tracas ces affaires..

La gaiété aimable est l'apanage de la jeunesse; soyez gais, mais ne vous laissez pas aller à la bouffonnerie. Soyez distingués dans vos propos et dans votre langage. Si vous vous faites, étant jeunes, une réputation de bas farceurs, vous aurez beaucoup de mal plus tard à être pris au serieux même quand l'âge aura blanchi vos têtes.

Réservez dans votre vie une large part aux jois artistiques; cultivez votre esprit incessamment, sachez secouer au moins une heure par jour la poussière des dossiers et sachez respirer un autre air que celui du greffe et des bureaux. Vos idées s'élargiront, vos intelligences s'élèveront, vous respirerez plus à l'aise. Comme le disait un ancien Bâtonnier de Paris, "Si nous cherchons avant tout à assurer devant la justice le triomphe de la vérité, n'oublions pas qu'elle a pour campagnes la beauté et la bonté;" en cultivant le beau, en pratiquant le bien, en respectant le vrai, vous atteindrez sans effort l'idéal humain de l'honnête homme; et si vous êtes des hommes honnêtes, vous serez de bons avocats!

MODERN CANADIAN TRAILS.-Clarence H. Parks, a prohibition agent testified at the recent trial in Albary of Samuel and Joseph Isaacs of Ticonderoga, N.Y., that the liquor smugglers had their favorite routes "blazed" with plain markings of yellow paint. The Isaacs brothers were charged on several counts with violating the prohibition laws. They were arrested in the recent drive against alleged "high-ups" in the liquor smuggling trade. Parks swore that Samuel Isaacs had told him that he assisted in "blazing the bootleg trail." Attorneys for the defense attempted to show that Parks had confused the official State highway markings with the alleged bootleg trail signs.

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RESPECTIVE FUNCTIONS OF THE JUDGE AND JURY.

The principle that the judge decides the law and the jury the fact has been established as the basic principle of English Criminal Jurisprudence from time immemorial. Despite all the changes made in recent years in the procedure in criminal and quasi-criminal cases the classic saying of Lord Hardwicke still holds that "it is the greatest consequence to the law of England and to the subject that these powers of the judge and jury are kept distinct; that the judge determines the law and the jury the fact, and if ever they come to be confounded it will prove the confusion and destruction of the law of England." 1

Though this general principle is not of recent origin the development and consolidation of the law of the judge's charge has been accomplished in England by the Court of Criminal Appeal since its formation by the Criminal Appeal Act, and in Canada since the enactment of the Criminal Code. The process of development is still going on, but prior to the passing of the above legislation since there was no right of appeal the discretion of the individual judge in the matter of the charge was unbounded.

Not only does the jury decide all questions of fact, but it also decides, when there is any evidence upon which that question can be decided, the final fact of the guilt or innocence of the accused. English law gives to all persons accused of crime (with the exception of the most trivial offences) the right to have the question of their guilt or innocence adjudicated upon by a jury of their peers-twelve men with no knowledge of the law and no experience in the method of its application. No jury could possibly decide this question without Allen v. The King, 18 C. C. C. 1-per Sir Charles Fitzpatrick. 27 Edw. VII., Cap. 23 (Imp.)

13-C.B.R.-VOL. III.

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