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l'âge, il dut prendre sa retraite le 9 septembre 1895. Il fut désormais, trop tard pour mettre à exécution son rêve de venir finir ses jours dans la province qui avait été témoin de sa montée vers les sommets. Il demeura plus de vingt-trois ans à Ottawa. Dans cette cité paisible que organisme administratif fait progresser en proportion 1 de l'agrandissement du pays, qui s'anime chaque année par la vie additionnelle de la session parlementaire, on peut facilement trouver des coins charmants, tranquilles et ombragés, pénétrés de la douceur et de la quiêtude des villes de province, où l'on sent remonter en soi les goûts endormis de la littérature, de la science, de l'histoire et de la philosophie. Fournier consacra son temps à l'étude des causes importantes qu'il était chargé de décider, mais il se tint au courant du "mouvement littéraire" et il se plut à l'etude des questions historiques ou philosophiques.

Sans doute, par plaisir autant que par devoir, il figurait dans les fêtes officielles. Il donnait lui-même des réceptions recherchées, dont ses filles faisaient avec grâce les honneurs.-(Montpetit, "Reminiscor.)

cau

Mais toute une phalange d'hommes à l'esprit délicat et de " seurs élégants" se pressait alors dans la capitale, et c'est encore dans leur société qu'il se sentait le plus à l'aise. Benjamin Sulte, Alphonse Lusignan, Joseph Marmette, A.-D. De-Celles, Afred Garneau, Achille Fréchette, Edouard DeVille, Coyteux Prévost, Ubald Beaudry, Alphonse Benoit, A.-N. Montpetit, le colonel C.-E. Panet, "liseurs infatigables....épris des littératures et dilettantes du verbe parlé ou écrit" avaient commencé les réunions hebdomad aires du Cercle des Dix. Elles consistaient a "lire à chaque réunion un passage d'un livre intêressant, y choisir un point de conversation, s'y tenir et le développer," sauf qu'on n'avait pas la liberté d'y lire ses propres oeuvres. Les séances du Cercle ont été racontées dans un article savoureux de madame Donat Brodeur paru dans "La Revue Moderne" (Aout, 1924.). Elles avaient lieu alternativement chez chacun des membres. Elles étaient empreintes de ce "dillettantisme particulier qui nait de la conformité des goûts, sinon des opinions.' Ce n'étaient que "provocations de mots, d'images aboutissant aux trouvailles les plus déconcertantes et les plus délicieuses." On y dépensait "des trésors d'érudition, de délicatesse et d'humour."

En outre de ses réunions hebdomadaires, le cercle donnait un diner annuel chez Bélier, restaurateur français, rue Metcalfe. Il se terminait invariablement à minuit. La devise était: "Beaucoup de politesse, mais point de politique." Cependant, l'on en proserivait les

dames.

Fournier fit partie de ce cercle.

"Le juge

L'article de madame Brodeur lui consacre ce passage: Télesphore Fournier était sanguin, sous un air paisible. A l'époque des grandes luttes politiques, il batailla ferme et fut, à St-Thomas de Montmagny, un adversaire violent de mon aîeul, sir Etienne Pascal Taché. Patriote convaincu, il n'admettait pas les compromis; et son éloquence à l'emporte-pièce électrisait les foules. Devenu magistrat, après avoir parcouru les étapes d'une vie publique agitée, sa philosophie tardive semblait s'accommoder fort bien aux dissertations chevaleresques et livresques des membres du cercle des Dix.

C'était un causeur intéressant et spirituel, entièment dépourvu de prétentions."

Il passait beaucoup de son temps avec A.-N. Montpetit qui était son ami intime, et avec Georges Duval, venu avec lui de Québec comme secrétaire particulier alors qu'il était ministre, et qui l'avait suivi à la Cour Suprême, dont il était devenu le rapporteur.

Il était alors en pleine maturité physique et intellectuelle. De taille assez élevée (cinq pieds et sept pouces), de carrure musculeuse, son extérieur donnait l'impression d'une forte personnalité. J'ai sous les veux sa photographie: la figure est pleine et ronde. Les cheveux, bruns argentés et drus, sont relevés et laissent à découvert un front large et puissant. Les yeux bridés, voilés même, mais directs et inquisiteurs, sont surplombés de paupières proéminentes aux sourcils énergiques. Le nez est fort et autoritaire. La moustache ramassée ombre une bouche aux lèvres décidées. Le menton tenace complète un ensemble où tout dénote l'assurance, le courage, la fermeté et la décision. Il annonce bien celui dont Wilfrid Laurier, en 1895, lorsque Fournier prit sa retraite, avait dit "qu'il était l'un des plus beaux caractères qu'avait produits notre race," et dont Montpetit écrivait: "un homme d'un caractère élevé, d'un esprit cultivé, délicat, dégagé de préjugés, d'un jugement, d'une droiture exceptionnels, généreux, hospitalier, d'une volonté de fer, mais tempéré par une rare bonté et la plus exquise sensibilité. Aimant l'étude et le travail. ..."

Ah! vraiment, qui de nous ne désirerait ressembler à ce portrait? J'ai sous les yeux une autre photographie, prise au printemps de 1895. Il est alors malade. Il est encore droit et la tête est érigée; mais l'on sent comme un affaissement dans l'armature toute entière; les rides ont envahi le cou, le menton, les joues; les yeux sont inquiets les cheveux, parsemés; le masque est ravagé et, sur toute la figure, on percoit une indéfinissable expression de fatigue.

Il donna sa démission. Il se prépara à laisser sa maison de la rue King (No. 507, coin de la rue Wilbrod) pour aller vivre à Montréal, où il avait même loué une résidence; mail il mourut, pendant le déménagement, au Convalescent Home de son grand ami le Dr Coyteux Prévost, où il s'était retiré en attendant. Il fut inhumé au cimetière Notre-Dame à Ottawa, au fond de la Grande Allée, dans un endroit où reposent plusieurs des plus illustres enfants de notre province.

Il avait fourni une noble vie, réconfortante et désintéressée. Il a réalisé le mot du chancelier d'Aguesseau: "Faire sa fortune et faire son devoir ne sont qu'une même chose." ... et, dans ce cas, " fortune" ale sens d'"ideal."

Il a éloigné le souci de ses intérêts personnels.

Il fut de la trempe de ceux qui trouvent la meilleure part de leur rémunération dans la satisfaction et l'honneur de se dévouer à la chose publique. Mes amis du jeune barreau.

J'ai tâché de vous faire aimer une vie d'avocat et de juge et de vous l'offrir en exemple. J'ai gardé en mémoire la belle expression de Manuel Fourcade: "Entre les sollicitudes de l'Ordre des Avocats aucune n'égale celle qui penche vers l'espoir des jeunes confrères, l'expérience des aînés."

COVENANTS AS JOINT OR SEVERAL.1

Section 8-Rules of Construction.

(1) The preceding review of authorities seems to justify the following propositions:

A.-Where the enquiry is as to the nature, joint or several, of the burden assumed by two or more covenantors and (a) the covenant is in form clearly joint or clearly several, it will be construed to accord, as to its joint or several nature, with its language, although the interests of the covenantors in its subject matter may not coincide with the nature of their covenant obligations produced by such language; but (b) where the enquiry is the same and the covenant is in form not clearly joint or not clearly several it will be construed to accord, as to its joint or several nature, with the interests of the covenantors in its subject matter, unless other provable circumstances of greater import induce a contrary conclusion. Sorsbie v. Park; White v. Tyndall.31.

B. Where the enquiry is as to the nature, joint or several, of the benefit taken by two or more covenantees under the alternative circumstances mentioned in (a) and (b) of the immediately preceding proposition the construction will be the same as in that proposition suggested, substituting the interests of covenantees for those of covenantors, but the court will more readily adhere in case of ambiguity to a construction making nature of interest coincide with nature of subject matter. Eccleston v. Clipsham (supra); Sorsbie v. Park (supra); Mills v. Ladbroke (supra); Bradburn v. Botfield (supra); Keightley v. Watson (supra); Beer v. Beer; Haddon v. Ayres (supra); Thompson v. Hakewill (supra); Palmer v. Mallet (supra); White v. Tyndall (supra).

C.-Where the enquiry is as to the nature, joint or several, of the benefit taken by two or more covenantees, and the covenant is in form joint and several, it cannot in law be construed as other than joint or several. In deciding whether the construction shall be as joint or as several unless express and unequivocal language of the covenant otherwise provides it will be construed to accord, as to its joint or several nature, with the interest of the covenantees in its sub1 This article was begun on page 243 and continued on page 289, ante. " (1843) 12 M. & W. 146; (1888) 13 A. C. 269 (H. L.).

ject matter, so that where such interests are joint the covenant will be held to be joint and where they are several it will be held to be several. Such construction will be applied wherever the language of the covenant is capable of reconciliation with the nature of the interests of the covenantees in the subject matter, and the court, while not presuming to reject or to contradict express contrary language, will, where possible, mould the covenant so that its language shall conform to such interests. Slingsby's Case (supra); Eccleston v. Clipsham (supra); Spencer v. Durant (supra); Anderson v. Martindale (supra); Bradburn v. Botfield (supra); White v. Tyndall (supra).

D. None of the preceding propositions can apply where, before the covenant is made, the covenantors or covenantees, as the case maybe, are not jointly or severally interested at all in the subject matter of the covenant, e.g., where the obligation of the covenantors or the benefit of the covenantees originates under the covenant. Sumner v. Powell; Levy v. Sale (supra); Beresford v. Browning (supra).

Section 9-Identification of Interest.

(1) It remains to identify what is considered to be an interest in the subject matter of the covenant. It is something different from an interest, beneficial or otherwise, in the consideration, or in the main subject matter of the document wherein the covenant appears. A joint covenant to pay money, made with multiple covenantees, one whereof has no beneficial interest in the money, raises a joint interest in all the covenantees. Rolls v. Yates; Anderson v. Martindale (supra); Hopkinson v. Lee (supra). A lessee's covenant to repair, made to several lessors jointly, one whereof has no interest in the land, or where all the lessors are tenants in common, is taken to be joint with all the lessors. Southcote v. Hoare, Wakefield v. Brown, Thompson v. Hakewill; Foley v. Addenbrooke (supra); Bradburn v. Botfield (supra). Though in the one case one of the lessors has no interest in the land, and in the other case each lessor has a several interest in the land, all their interests in the subject matter of the covenant, the repairs, are joint.

(2) It should be remembered, too, that any one of multiple covenantors, whatever be the nature of his interest, if any, in the subject matter of the covenant, may bind himself by clear language jointly or

32 (1816) 2 Mer. 30.

23 (1610) Yelv. 177.

*(1810) 3 Taunt. 87; (1846) 9 Q. B. 209; (1865) 19 C. B. N. S. at 726.

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