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Il n'avait pas encore cinquante ans; il était plein de santé, attaché à sa profession et père de dix enfants. Accepter un traitement de six mille dollars, c'était rogner son revenu de plus des deux tiers. Mais on lui représenta qu'accepter était pour lui un devoir. Madame Lacoste consentit à s'imposer les privations qu'imposait une pauvreté relative, et M. Lacoste eut le courage d'abandonner le Barreau qui lui procurait des succès et des revenus, et le Sénat qui lui apportait otium cum dignitate, pour devenir le juge en chef de la province de Québec, déclarant en même temps, qu'après quinze ans de magistrature, il réclamerait la pension que la loi accordait alors sans condition, et retournerait au Palais comme avocat.

Quand M. Lacoste prit les rênes de la Cour d'appel, il y trouva une grande accumulation de vieux dossiers. Près de trois cents appels étaient pendants. Le Barreau avait pris de mauvaises habitudes, les juges aussi peut-être. Disposer de ces vieilles causes n'était pas tâche facile, et quelquefois le Président du tribunal dut se montrer sévère. Mais en quelques mois, les vieilles causes étaient entendues, réglées ou définitivement abandonnées, et les appels pouvaient être décidés avec célérité.

En 1892, le président de la Cour d'appel était fait membre du Conseil privé et créé chevalier par Sa Majesté La Reine Victoria. En 1893 et 1897, il agissait comme administrateur de la province de Québec.

A l'époque où Sir Alexandre était président de la Cour d'appel les juges n'étaient pas aidés de secrétaires. Un seul employé remmplissait ces fonctions auprès des quatre juges de la Cour d'appel résidant à Montréal. Sir Alexandre, grâce à sa longue expérience au Barreau, à la rapidité de sa perception, à la sûreté de son jugement, était de ceux pour.qui un secrétaire était une nécessité. Privé de cette assistance, il avait pris le parti de réduire ses notes à leur minimum. Aussi trouve-t-on dans ses jugements peu de développements historiques. En revanche, on y trouve et la discipline qu'il avait dû s'imposer avait

sans doute développé chez Sir Alexandre ces deux rares qualités-une merveilleuse concision et une lumineuse clarté.

Grâce à sa facilité de travail, Sir Alexandre avait cru pouvoir conserver, en montant sur le Banc, les positions de confiance qu'il avait acceptées étant avocat, telles que l'exécution des successions de madame la comtesse de Beaujeu et de l'honorable Charles Wilson. D'autres postes de ce genre lui avaient été offerts, entre autres ceux de président du bureau des censeurs de la Banque Provinciale du Canada lorsqu'elle succéda à la Banque Jacques Cartier, et d'administrateur canadien de la compagnie d'assurance Liverpool & London & Globe.

Or, en juillet 1905, le Parlement du Canada, en élevant le traitement des juges, leur interdit d'occuper des postes d'administrateurs. Cette loi ne fut pas sans causer quelque surprise. Quelques-uns des juges s'y soumirent; d'autres,-comme feu M. le juge Britton,—prétendant qu'elle lésait des droits acquis, n'en tinrent aucun compte, et ce, impunément. D'autres enfin, comme Sir Alexandre Lacoste, préférèrent se démettre que se soumettre.

Donc, le 25 janvier 1907, fidèle à la promesse qu'il s'était faite en montant sur le Banc, Sir Alexandre en descendit et demanda de nouveau son inscription sur les cadres de l'Ordre. Il devint l'avocate-conseil de la société légale dont il avait autrefois été le chef. Sa rentré au Barreau-redoutée de ceux qui y occupaient les premières places-créa une certaine sensation; mais en fait, Sir Alexandre plaida très rarement et se borna à donner des consultations et à s'occuper des administrations qu'on lui avait confiées.

Il vécut ainsi seize ans-presque exactement le temps qu'il avait passé dans la magistrature,-prêtant généreusement son concours à toutes les oeuvres patriotiques et nationales, ne se désintéressant jamais. complètement de la chose publique, et surtout, après la mort de sa digne épouse comme de son vivant, pratiquant dans la perfection ces vertus familiales

qu'on aurait tort d'appeler communes, sous prétexte qu'elles sont à la portée de tout le monde.

Sir Alexandre Lacoste a été un avocat éminent, un magistrat renseigné et intègre, un conseiller précieux, un patriote éclairé. Il a été quelque chose d'autre, et, je pourrais dire, quelque chose de plus. Ayant été le voisin de la famille Lacoste depuis mon enfance jusqu'à l'âge de trente ans, j'ai pu constater quel sujet d'édification constante étaient pour tous ceux qui pouvaient avoir l'occasion de les observer, Sir Alexandre et Lady Lacoste. A la tête de leurs concitoyens par leur position sociale, ils étaient également leurs modèles par la piété, par l'attachement à leur famille, par la pratique constante des vertus domestiques. On peut avec plus ou moins d'exactitude apprécier les services politiques de Sir Alexandre Lacoste, ou l'importance de sa contribution à la jurisprudence de sa province. Le bien qu'il a fait à ceux qui l'entouraient par les bons exemples qu'il n'a cessé de donner, Celui-là seul qui sonde les reins et les coeurs, et qui sans doute a déjà récompensé son fidèle serviteur

l'exacte mesure.

en connaît

INTERNATIONAL LAW AS THE GREAT WAR HAS LEFT IT.

BY THE RIGHT HONOURABLE THE EARL OF BIRKENHEAD.

Until the month of August, 1914, it was generally, though not quite completely, true that the civilized nations of the world had over a long period of time combined to increase the authority of International Law. Indeed from the days of Grotius there had, until ten years ago, been discernible a hardening tendency upon the "legal" side of a body of doctrine, which never, of course, could, except metaphorically, be called law at all. The science of law has throughout the ages been the subject of much cultivated and learned controversy. But when the analysts like Austin had completed their analysis and the historians like Maine had completed their histories, there emerged from their co-operative activities a general recognition among writers upon Jurisprudence that whatever other quality is demanded by the conception of law, that of compulsive assertion by a superior is vital and indispensable. In other words a law is not a law unless someone superior to yourself can penalize and chastise you for its breach.

The earliest writers upon the subject of International Law were not only masters of casuistry; not only consummate dialecticians; they were also golden, incorrigible optimists. For they found Europe as we almost find it to-day, a welter of savagery, a scene of desolation and abomination, amid which the garnered treasures of Greek and Roman civilization had perished.

To a man like Grotius, with a mind incredibly powerful and versatile, too shrewd for self-illusion, it must have been plain how slow, how painful and how precarious must be the development of the tiny seedling which he planted with so much courage and so much hope. For many passages of his immortal work make

it plain that he realized that it was not, and probably never would be possible to assimilate International Law to Municipal Law. And yet with a bold and generous vision he lavished all the powers of a richly endowed mind upon the attempt to fling an atmosphere of law around the moral code upon which, as he clearly saw, the whole fabric of future civilization might, and almost certainly would, depend. Peering into the future this remarkable man must almost certainly have reasoned to himself somewhat in this way: International Law can never become a real law unless and until there is formed a concourse of nations able to agree upon that which shall be law; resolved to enforce it upon recalcitrant members; and armed by mutual agreement with material force necessary to restrain and coerce those members of the International family who disobey its decrees. Such a League of Nations (I think Grotius may have said to himself) is little likely to arise in this imperfect world. But some progress is possible. The moral precepts which ought as surely to guide the actions of nations as those of individuals may be so camouflaged as Law (though I hardly think he used the word), that in time the majority of civilized nations will tend more and more to accord to these moral precepts the actual authority of law. They will do so, I hope, because the majority in most countries will prefer to act morally rather than immorally. They will do so at any rate, I believe, because most sensible statesmen will realize that on the whole it pays to behave decently and in the manner which most moral and educated men admit to be decent. The great fathers of International Law would undoubtedly have expressed their meaning more formally, more lengthily, more eloquently, and perhaps I may be allowed to add, more pompously, but I am on certain ground, which I could justify by unlimited quotations. when I claim that their general outlook upon the ancient science to which they contributed so much genius and so much detailed industry was of the kind which I have indicated. Optimists they undoubtedly

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